La Page de cinéma

La Page du cinéma est un projet Numapresse recensant 4000 suppléments hebdomadaires dédiés au cinéma publiés dans la presse généraliste nationale française pendant la première moitié du XXe siècle.

À partir du début des années 1920, plusieurs quotidiens commencent à consacrer des pages entières à l'actualité cinématographique. Ces initiatives sont d'abord temporaires (L'Excelsior, Le Petit Journal) à l'exception du quotidien culturel Comoedia. Elles connaissent un essor considérable lors du passage du muet au parlant, alors que le cinéma se trouve à l'avant-garde de la modernité médiatique. Tous les quotidiens à grands tirages (Paris-Soir, Paris-Midi, Le Matin, Le Petit Journal, Le Petit Parisien, L'Intransigeant, Le Journal) et d'autres titres importants (L'Œuvre, L'Écho de Paris, Le Figaro, La Liberté) se dotent alors de leur page cinéma. Certaines rédactions adoptent même une page cinéma quotidienne telles que Comoedia ou, beaucoup plus brièvement, Paris-Midi. La pratique régresse en partie à la fin des années 1930, en partie en raison de l'affabilissement du rythme hebdomdaire : l'actualité cinématographique devient quotidienne et est diluée dans des rubriques moins spécialisée (Spectacles, Culture…)

La page de cinéma sont des objets importants pour l'histoire de la presse et pour l'histoire du cinéma. Elles construisent en partie la mythologie populaire du cinéma, de ses stars à ses stéréotypes visuels. Elles marquent aussi l'avènement d'une nouvelle pratique journalistique : très fortement illustrée, la page donne lieu à des compositions virtuoses qui annoncent les formats plus visuels de la presse et des newsmagazines du second XXe siècle.

Exemples de compositions visuelles avancées dans Paris-Soir (4 février 1933), Le Matin (4 septembre 1936), Le Journal (21 février 1936) et Paris-Soir (21 mai 1932)

Les pages de cinéma ont été réidentifiées automatiquement à partir d'un modèle de classification des genres journalistiques développé par le projet Numapresse : pour chaque journal, le modèle donne la page contenant le plus de textes classés comme du cinéma (taux de probabilité supérieur à 30%) à l'échelle d'une semaine ou d'une journée. Les résultats ont ensuite été en partie vérifiés manuellement, notamment pour différencier les pages "incomplètes" des pages "complètes" : dans certains cas, les journaux incrustent d'autres rubriques dans la page de cinéma (comme le roman-feuilleton). Ce recyclage est notamment fréquent pendant la période estivale : pendant les années 1920 et 1930, le cinéma s'efface alors au profit des activités de plein air. La tradition du block-buster d'été n'est pas encore établie.

Au-delà de son intérêt historique propre, la page de cinéma présente une utilité pratique : il est possible de faire des recherche sur le traitement du cinéma par la presse généraliste sans se perdre dans la masse des autres rubriques. Le formulaire de requête du projet donne accès à la recherche plein texte sur tous les suppléments identifiés jusqu'à présent et redirige sur les contenus de Gallica (avec le surlignage de la requête d'origine). Les journaux de l'entre-deux-guerre étant particulièrement bien numérisés sur Gallica, le corpus couvre quasiment tout le champ des suppléments cinémas publiés dans la presse généraliste nationale