FeqUletqn ela Joiiriial « les Héfoats
LE COMTE DE MQNTE - CIIRISTO ( 1 ) . ( Foir les Numéros des 28 et 29 août . ) > , Le Repas « les Fiançailles . t e lendemain ( 2 ) fut up beau jour ; lè soleil se leva pur et hrilLnt et ses premiers rayons d' un rouge de pourpre diaprèrent de leurs rubisles pointes écumeuses des ; vagues . Lerepas avait été préparé au premier étage de cette môme Réserve , avec la tonnelle de laquelle nous avons deja fait connaissance . C' était une grande salle éclairée par cinq ou rix fenêtres , au-dessus de ( explique le phénomène qui pourrai étafilécnne nom d' une des grandes vides de France),une balustrade en bois , comme le reste du bâtiment , régnait tout le long de ces fenêtres . Quoique le repas ne fût indiqué que pour midi , des onze hem - es du matin cette balustrade était chargée , < Je promeneurs impatiens . C' étaient les marins privilégies.du Pharaol at quelques soldats amis de Dantes . Tous avaient , pour fab - e honneur aux fiancés , fait voir le jour à leurs plus belles toilettes . Le bruit circulait parmi les futurs convins que les armateurs du PMraon devaient honorer de Wr nrésence le repas de noces de leur ; second . Mais céiaU de leur part un si grand honneur accordé à Dantes ,
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qju' e personne n' osait y croire . Cependant Danglars , en arrivant avec Cadërousse , confirma à son tour cette nouvelle . Il avait vu le matin M. Morrel lui-même , èt M. Morrel lui ayàif dit qu' il viendrait dîner àlà Résërve . ' 1 ' • En effet , un instant après eux , M. Morrel fit à son tour son entrée dans la et fut salué par les matelots du Pharaon d' un hourrah unanime d' appïaùdissemens . La présence de l' armateur était pour eux la confirmation du bruit qui courait déjà que Dantès serait nommé capitaine ; ? ej' éoiniùè Dantès était fort aimé à bord , ces braves gens remerciaient ainsi l' armateur de ce qu' une fois par hasard le choix d' un chefétàit en harmonie avec les désirs des subordonnés . A peine M , Morrel fut - jt entré , que l' on dépêcha unanimement Danglars et Caderousse vers le fiancé . Ils avaient mission dé le prévénir de l' arrivée du personnage impèrtaot dont la vue avait produit une si vive sensation , et de lui dire do sq hâter . Danglars et Caderousse partirent tout courant ; mais , ils n' eurént pas fait cent pas , qu' à la hauteur du magasin à pondre ils aperçurent la petite troupe qui venait . Cette petite troupe se composait dë quatre jeunes filles , amies de Mercedes , Catalanes comme elle , et qui accompagnaient là fiancée à làquëlle Edmond donnait le bras ; pfès dp sa future.marchait Dantès père , et derrière eux venait Férnand avec son mauvais sourire . Ni Meëcédès ni Edm , ond ne voyaient ce mauvais sourire de Fernand ; les pauvres enfans étaient si heureux , qu' ils , ne voyaient qu' eux seuls , et cë bpau ciel pup qui les bénissait , Danglars et Caderoussé s' acquittèrent de lèur mission idfanibassadeijrs , ; puis , après avoir ,- échangé une poignée de main bien vigoureuse et bien ; amicale avec Edmond , ils « filèrent , Danglars , prendre place près de Fernand ; Caderousse se ranger aux côtés dé Dantès père , centre de l' attention générale . Le vieillard était vêtu de son bel habit de taffetas épînglé , orné de larges boutons d' acier taillés à facettes . Ses jambes grêles , mais nerveuses , s' épanouissàièài dans de magnifiques bas de Coton mouchetés , qui sentaient d' une lieue la contrebande anglaise . A son chapeau à trois cornes pendait un flot de rubans blancs et bleus ; enfin il s' appuyait sur un bâton de bois tordu et recourbé par le haut cpmmé le pedum antique . On eût dit y ! ) do ces muscadins qui paradaient én 1796 dans les jardins
nouvellement rouverts du Luxembourg et des Tuileries . Près de lui , nous l' avons dit , s' était glissé Caderousse , Caderousse que l' espérance d' un bon repas avait achevé de réconcilier avec les Dantès ; Caderousse à qui il restait dans la mémoire un vague souvenir de ce qui s' était passé la veille , comme en se réveillant lè matin on trouve dans son esprit l' ombre dti rôve ; qu' on à fait pendant le sommeil . Danglars , en s' approchant de Fernand , avait jeté sur l' amant désappointé un regard profond . Fernand marchant derrière les futurs époux , complètement oublié par Mercédès , qui , dans cet égoïsme juvénile et charmant de l' amour , n' avait d' yeux que pour son Edmond ; Fernand était pâle , puis rouge par bouffées subites , qui disparaissaient pour faire place chaque fois à une pâleur toujours croissante . De temps en temps il regardait du côté de Marseille , et alors un tremblement nerveux et involontaire faisait frissonner ses membres . Fernand semblait attendre ou tout au moins prévoir quelque grand événement . Dantès était simplement vêtu ; appartenant à la mariae marchande , il avait un habit qui tenait le milieu entre l' uniforme militaire et le costume civil , et sous cet habit sa bonne mine , que rehaussaient encore la joie et la beauté de sq fiancée , était parfaite . Mercédès était belle comme une de ces Grecques de Chypre ou de Céos , aux yeux d' ébône et /"/ aux lèvres de corail . Elle marchait de ce pas libre et franc dont marchent les Arlésiennes et les Andalouses . Une fille des villes eut peut-être essayé de cacher sa joie sous un voile où tout au moins sous le velours de ses paupières ; mais Mercédès souriait et regardait tous ceux qui l' entouraient , èt son sourire et son regard disaient aussi franchement qu' auraient pu le dire ses paroles : « Si vous êtes mes amis , réjouissez - vous avec moi , car en vérité je suis bien heureuse . » , , : Dès que les fiancés et ceU' x qui les accompagnaient furent en vue de la Réserve , M. Morrcl descendit et s' avança à son tour au dévant d' eux , suivi des matelots et des sol-4ats avec lesquels il était resté , et auxquels il avait renouvëlé la promesse , déjà faite à Dantès , qu' il succéderait au capitaine Leclere . En le voyant venir , Edmond quitta le bras de sa fiancée et le passa sous celui de M. Morrel . L' armateur èt la jeunè fille' donnèrent- alors l' exemple en
montant les premiers l' escalier de bois qui conduisait à la chambre où le diner était servi , et qui cria pendant cina minutes sous les pas pesans des convives , i Mon père , dit Mercédès en s' arrôtant au milieu de la table , vous àma droite , je vous prie ; quant àma gauche j' y mettrai celui /"/ qui m' a servi de frère , ajouta - t - elle avec une doucëur qui pénétra aù plus profond du cœur de Fernand , comme un coup de poignard . Ses lèvres blêmirent et , sous la teinte bistrée de son mâle visage , on put voir : encore une fois le sang se retirer peu à peu pour affluer au cœur . Pendant ce temps , Dàntès avait exécuté la môme manœuvre : à sa droite , il avait mis M. Morrel- à sa eau che , Danglars ; puis , de la main , il avait fait signe à ch - il cun de se placer à sa fantaisie .
Déjà couraient autour de la table les saucissons d' Arles àla chair brune et au fumet accentué , Ic - s langoustes à la ' cuirasse éblouissante , les prayrcs à la coquille rosée les oursins qui semblent des châtaignes entourées de leurVnveloppe piquante , les clovis qui ont la prétention de remplacer avec supériorité , pour les gourmets du Midi /"/ les huîtres du Nord ; enfin tous ces hors»d' œnvre délicats Vue la vague roule sur sa rive sablonneuse , et que les pécheurs reconnaissans désignent sous le nom générique de fruits de mer . ' ■ /"/ -r « - * , • .
Un b?au silence ! dit le vieillard en savourant un verre de vin jaune comme la topaze , que le père Pamnhiln en personne venait d' apporter devant Mercédès ; dirait - on qu' il y a ici trente personnes qui ne demandent qu' à rire ? -Eh ! un mari n' est pas toujours gai , dit Oaderousse . Le fait est , dit Dantes , que je suis trop heureux en ce moment pour être gai . Si c' est comme cela que vous l' entendez voism , vous avez raison : la joie fait quelquefois un effet étrange ; elle oppresse comme la douleur Danglqrs observa Fernand , dont la nature impressionnable absorbait et renvoyait chaque émotion . Allons donc dit - il , est -ce que vous craindriez quelque chose ? il me semble au contraire que tout va selon vos désirs C' est justement eeia qui m' épouvante , dit Dantes ; H/'me semble que l' homme n' est pas fait pour être si facilement heureux . Le bonheur est comme ces palais des îles enchantées dont les dragons gardent ' les portes ; il' faut combattre pour