J' iMirnaidlses Débats *
LES MYSTÈRES DE PARIS . ( * ) ( Voyez les Numéros des 19 , 21 , 22 , 23 et 24 juin . ) ! CHAPITRE VI . - , Tom et Sarait ) Les deux personnages qui venaient d' entrer dans le tapi -franc , appartenaient à une classe beaucoup plus élevée que qèlle des habitués de cette taverne . L' nn grand , élancé , avait les cheveux presque blancs ; les sourcils et les favoris noirs , une figure osseuse et brune , l' air dur , sévère ; à son chapeau rond on voyait un crêpe ; sa longue redingote noire se boulonnait jusqu' au cou ; il portait , pardessus son pantalon de drap gris collant , des bottes autrefois appelées à la Sowctrow . Son compagnon , de très petite taille , aussi vêtu de deuil , était pâle et beau . Ses longs cheveux , ses sourcils et ses yeux d' un noir foncé , faisaient ressortir la blancheur matte de son visage ; à sa démarche , à sa taille , à la délicatesse de ses traits , il était facile de reconnaître dans ce personnage une femme déguisée en homme . Tom , demandez à boire , et interrogez ces gens - là sur lui , — ■ dit Sarah , parlant toujours anglais . Oui , Sarah , répondit l' homme à cheveux blancs et à sourcilg noirs . , S' asseyant à une table pendant que Sarah s essuyait le front , il dit à l' Ogresse en très bon français , et presque sans aucun accent : ; . Madame , faites - nous#nner quelque chose à boire , s' il vous plaît . . t
( 1 ) La rcprodnctioa des Mystères de Paris esl formellement 1 clerâHe . '
L' entrée dev ' tiS deux personnes dans le tapis-franc avait vivement excité l' attention;.leur costume , leurs manières , annonçaient qu' ils De fréquentaient jamais ces ignobles tavernes ' ot à leur physionomie inquiète , affairée , on devinait que des niolift importons les amenaient dans ce quartier . Le Chourineur le , Maîtrc - d' Ecole et la Chouette les considéraient avec une aV * > curiosité . La Goualeuse , épouvx ntée de sa rencontre avec la Borgnesse , redoutant les mer lac |f du Maitre - d' Ecole qui voulait remmener avec lui , pi ' ° /"/ ^ a 1 inattention de ces deux misérables , sp glissa par \ 1 P orle restée eatr' ouverte et sortit du cabaret . Le Chourineur et te Maitre- /t . Ecole > dans leur position respective , n' avaient aucun inté.re , a e ' evcr de nouvel.es rixes . . \ Surprise de l' apparition d' hôtes si b o ! lv f. aux > 1 Ogresse partageait l' attention générale . Tom . lai dit une seconde fois avec impatience ; Nous vous avons demandé quelque chose à boire , Madame ; ayez la bonté de nous servir . , . La mèrq Ponisse , flattée do cette courtoisie , . ' e . le^ a son comptoir , vint gracieusement s' appuyer àla tab e m ' et lui dit : • ? Voulez - vous un lHre do vin ou une bouteilk ' cac , ie ' téeï V , , Donnez - nous une bouteille de vin , des verres ei l' eau . L' Ogresse servit ; Tom lui jeta eent sous , et , refusant la monnaie qu' elle voulait lui rendre : Gardez cela pour vous , notre hôtesse , et acceptez un verre de vin avec nous . Vous êtes bien bonnête , Monsieur , dit la mère Ponisse , en regardant Tom avec plas d' étonnement que de reconnaissance . Mais dites - moi , reprit celui-ci , nous avions donné rendez-vous à un de nos camarades dans un cabaret de celte rue ; nous nous sommes peut-être frorapés . C' est ici U Lapin blanc , pour vous servir , Monsieur .
C' est bien cela , dit Toin en faisant un signe d' intelligence à Sarah .— Oui , c' est bien au Lapin - blanc qu' il devait nous attendre ... . Et il n' y a pas deux Lapins - blancs dans la rue , je m en vante ... dit orgueilleusement l' Ogresse . Mais comment était - il votre camarade ? . — , Grand et mince , cheveux et moustache chalain - clair , dit Tom . Attendez donc , attendez - donc ... c' est mon homme de tout - à - l' heure ... un charbonnier d' une très grande taiile est venu le chercher , et ils sont partis ensemble . Ce sont eux , dit Tom . —. Et ils étaient seuls ici ? demanda Sarah . C'est-à-dire le charbonnier n' est venu qu' un moment ; votre autre camarade a soupé ici avec la Goualeuse et le Chourineur ; et du regard l' Ogresso désigna celui des convives de Rodolphe qui était resté dam le cabaret . Tom et Sarah se retournèrent vers le Chourineur . Après quelques minutes d' examen , Sarah dit en anglais à son compagnon : Connaissez - vous cet homme ? Non . Karl avait perdu les traces de Rodolphe à 1 eutree de ces rues obscures . Voyant Murph , déguisé en charbonnier . rôder autour de ce cabaret et venir sans cesse regarder au travers des vitres , il s' est douté de quelque chose et il est yenu nous avertir Pendant cette conversation tenue à voix basse et en langue étrangère , le Maîlre - d' Ecole disait tout bas àia Chouette I eh regardant Tom et Sarah : Le grand maigre a dégainé cent sous a 1 Ogresse . * ' est bientôt minuit ; il pleut , il vente ; quand ils vont •L tir , nous les suivrons ; j' étourdirai le grand et je lui 501 irai son argent . Il est avec une femme , il n' osera pas pren , r _ souffle \ 0 p et ; t cr i o àla garde , j' ai mon vitriol dans rua e lui cesserai la bouteille sur la figure , dit poche , se ; ij faut toujours donner à boire aux enfans ia Borgnas . èçu er . .'e crier . Puis elle ajouta : Dis donc , pour les émis m ip r ( , r ois que nous trouverons la Pcgrioile , Fouriiûe , la pu e *
( i ) D' autorité ,
faudra l' emmener d ' autor ( l ) . Une fois que nous la tiendrorg chez nous , nous iui frotterons le museau avec mon vitriolf ca fait qu' elle ne fera plus la fière avec sa jolie frimousse ... Tiens , la Chouette , je finirai par t' épouser , dit le Maître - d' Ecole ; tu n' as pas ta pareille psiir l' adresse et nour le courage ... La nuit du marchand de bœufs ... je tai jugée ; j' ai dit : Voilà ma femme , elle travaillera mieux qu' un homme . „ , . Après avoir réfléchi un moroont , Sarah dit à fou en lui indiquant le Chourineeir : , Si nous interrogions cet homme sur Rodolphe , peutêtre saurions - nous ce qui l' amène ici ? _ _ _ Essayons , — dit Toni .. Puis , s' adressant au Chourincur : Camarade , nous devions retrouver dans ce cabaret un # de nos amis ; il a soupé avec vous : puisque vous le connaissez , dites - nous si vous savez où il est alto ? connais parce qu' il m' a rincé , il y a deux heures , en défemant la Goualeuse . Et vous no l' aviez jamais vu ? Jamais ... Nous nous sommes rencontres dans talleo de la maison de Bras - Rouge . - L' hôtesse ! encore une bouteille cachetce , et du meilleur , dit Tom . , Sarah et lui avaient à peine trempe leurs levres dans leurs verres encore pleins ; la mère Ponisse , pour faire honneur sans doute à sa propre cave , avait plusieurs fois vidé le sien . , • - , Et vous nous servirez sur la table de Monsieur , sil veut bien le permettre , ajouta Tom en allant se mettre avec Sarah à côté du Chourineur , aussi étonne que flatté de cette politesse . . . Le âlaître - d' Ecole et la Chouette causaient toujours à voix basse de leurs sinistres projets . La bouteille servie , Tom et Sarah , attables avec le Chourineur et l' Ogresse , qui avait regardé une seconde invitation /"/ comme superflue , l' entretien continua : Vous nous disiez donc , mon brave , que vous aviez rencontré notre camarade . Rodolphe dans ta maison de