Grâce àce stratagème , le bruit des pas de la Chouette et du Maitre - d' Ecole furent tellement amortis , qu' ils suivirent Tom et Sarah presqu' â les toucher , sans que ceux-ci les entendissent . Heureusement notre fiacre est au coin de la rue , dit Tom ; car la pluie va nous tremper . N' avez - vous pas froid , Sarah ? Peut-être apprendrons - nous quelque chose par le contrebandier , par ce Bras - Rouge , dit Sarah pensive sans répondre à la question de Tom . Tout à coup celui-ci s' arrêta . Il n' était qu' à une petite distance de l' endroit désigné par le Maitre - d' Ecole pour commettre son crime . B —Je me suis trompé de rue , dit Tom ,— il fallait prendre à gauche en sortant du cabaret ; nous devons passer devant une maison en démolition pour retrouver notre fiacre . Retournons sur nos pas . 1 * Le Maître - d' Ecole et la Chouette se jetèrent dans l' embrasure d' une porte pour n' être pas aperçus de Tom et de Sarah , qui les coudoyèrent presque , gg— Au fait , j' aime mieux qu' ils aillent du côté des décombres , dit tout bas le Maître - d' Ecole ; si le messière regimbe ... , j' ai mon idée . Tom et Sarah , après avoir de nouveau passé devant le tapis-franc , arrivèrent près d' une maison en ruines . Cette masure étant à moitié démolie , ses caves découvertes formaient une espèce de gouffre le long duquel la rue se prolongeait en cet endroit . Le Maître - d' Ecole bondit avec la vigueur et la souplesse d' un tigre ; d' une de ses larges mains il saisit Tom à lu gorge et lui dit : Ton argent , ou je to jette dans ce trou . Et le brigand , repeussanLTom en arrière , lui fit perdre l' équilibre , d' une main le retint pour ainsi dire suspendu au-dessus de la profonde excavation , tandis que de l' autre nain il saisit le bras de Sarah comme dans un étau . Avant que Tom eût fait un mouvement , la Chouette le dévalisa avec une dextérité merveilleuse . Sarah né cria pas , ne chercha pas à se débattre ; elle « il d' une voix calme ; Donnez - leur votre bourse , Tom . —Et s' pdrcssant au
brigand ; Nous ne crions pas , ne nous faites pas de mal . La Chouette , après avoir scrupuleusement fouillé les poches des deux victimes de ce guet-apens , dit à Sarah : Voyons les mains , s' il y a des bagues . Non , dit la vieille femme , en grommelant . Tu n' as donc personne pour te donner des anneaux ? ... quelle misère ! Le sang-froid de Tom ne se démentit pas pendant cette scene aussi rapide qu' imprévue . « —Voûtez vous faire un marché ? Mon portefeuille contient des papiers qui vous seront inutiles ; rapportez - lem ° , et demain je vous donne vingt-cinq louis , dit Tom au Maitre - d Ecole , dont la main l' étreignait moins rudement . K-7 O UI > Pourmous tendre une souricière , répondit le brigand . Allons , file sans regarder derrière toi . Tu as du bonheur den être quitte pour si peu . Un moment , dit la Chouette , —s' il est gentil , il aura son portefeuille ; il y a un moyeu . Puis , s' adressant à lom : Vous connaissez la plaine Saint-Denis ' Oui . Savez-vous où est Saint - Quen ? Oui.- „ ï7 fa F e - Sainl - Oucn , au bout du chemin de la Révolte , la plaine est plate ; à travers champs , on y voit de loin ; venez - y demain matin tout seul , aboulez l' argent vous m y trouverez avec le portefeuille ; donnant donnant je vous le rendrai . ' Mais te fera pincer , la Chouette ! Pas si bête ! il n' y a pas mèche ... on voit de trop loin . Je nai qu un œil ... mais il est bon ; si le messière vient ménagé Q ' 6 trouvera plus Paonne , j' aurai dé Sarah parût frappée d' une idée subite ; elle dit au brifana : . Veux - tu gagner de l' argent ? - Oui . , As - tu vu , dans le cabaret d' où nous sortons , car maintenant je te reconnais ; as - tu vu l' homme que le charbonnier est venu chercher 7 mince ... à moustaches ? Oui , j' allais manger un morceau de ce mu£flt - la ; mai » il ne m' a pas donné le temps ....
il m' a- étourdi de deux coups de poing et m' a renversé sur une gable ... c' est la première fois que ça m' arrive ... Oh ! ie m' en vengerai ! Eh bien ! i ! s' agit de lui , dit Sarah . De lui ? s' écria le Maitre - d' Ecole . Donnez - moi 1,000 fr . , je vous le tue ... Sarah ! ... s' écria Tom avec épouvante . Misérable ! il ne s' agit pas do le tuer ... dit Sarah au Maitre - d' Ecole . De quoi donc , alors ? Venez demain à la plaine Saint-Denis , vous y trouverez mon compagnon , reprit - elle ; vous verrez bien qu' il est seul ; il vous dira ce qu' il faut faire . Ce n' est pas 1,009 fr . , mais 2,000 fr . que je vous donnerai ... si vous réussissez . Fourline , dit tout bas la Chouette au Maitre - d' Ecole . Il y a de l' argent à gagner ; c' est des daims huppés ( 1 ) qui veulent monter un coup à un ennemi ; cet ennemi , c' est ce gueux que tu voulais crever Faut y aller , j' irai moi à ta place ... Deux mille balles ! mon homme , ca en vaut la peine . Eh bien ! ma femme ira , dit le Maitre - d' Ecole ; vous lui direz ce qu' il y a à faire , et je verrai .... Soit , demain à une heure . A une heure . Dans la plaine Saint-Denis . : Dans la plaine Saint-Denis . Entre Saint-Ouen et le chemin de la Révolte , au bout de la route . t' est dit . * Et je vous rapporterai votre portefeuille . —Et vous aurez les 300 fr . promis , et un à-compîe sur l' autre affaire , si vous êtes raisonnable . Maintenant allez à droite , nous à gauche ; no nous suivez pas , sinon ... Et le Maitre - d' Ecole et la Chouette s' éloignèrent rapidement . Le démon nous est venu en aide , dit Sarak : ce bandit peut nous servir . Sarah , maintenant j' ai peur ... dit Tom .
, P. /"/ I ( 1 ) Des gens riches .
Moi , je n' ai pas peur . J' espère , au contraire ... Mais venez , venez , je me reconnais : le fiacre ne doit pas étro loin . Et les deux personnages se dirigèrent à grands pas vers le parvis Notre - Dame . Un témoin invisible avait assisté à celte scène . C' était le Chourineur , qui s' était tapi dans les décombres pour se mettre à l' abri de la pluie . La proposition que fit Sarah au brigand relativement à Rodolphe intéressa vivement le Chourineur ; effrayé dis périls qui menaçaient son nouvel /"/ ami , il regretta de ne pouvoir l' en garantir . Sa haine contre le Muître - d' Ecole et contre la Chouette fut peut-être pour quelque chose dans ce bon sentiment . Le Chourineur se résolut d' avertir Rodolphe da danger qu' il courait ; mais comment y parvenir ? Il avait oublié l' adresse du soi disant peintre en éventails . Peut-être Rodolphe ne reviendrait - il pas au tapis-franc ; comment le retrouver ? En faisant ces reflexions , le Chourineur avait machinalement suivi Tom et Sarah ; il les vit monter dans un fiacre qui les attendait devant le parvis Notre - Dame . Le fiacre partit . Une idée lumineuse vint au Chourineur ; il monta derrière cette voiture . A une heure du matin ce fiacre s' arrêta sur le boulevard de l' Observatoire , et Tom et Sarah disparurent dans une des ruelles qui aboutissent à cet endroit . La nuit était noire , le Chourineur ne put signaler aucun indice qui lui servit à reconnaître plus précisément , le lendemain , les lieux où il se trouvait . Alors , avec une sagacité de sauvage , il lira son couteau de sa poche , fit uneJàr < re et profonde entaille à un des arbres auprès duquel s' était arrêtée la voiture . Puis il regagna son gîte , dont il s' était considérablement éloigné . Pour la première fois depuis long-temps le Chourineur goûta dans son taudis un sommeil profond , qui ne fut prg interrompu par l' horrible vision de l' abattoir - aux' urgcns comme il disait dans son rude langage . ' ' ' JSUGùrjt Si ® . ( La suite à