Tu as de l' humeur ... Est -ce que tu n' es pas content de moi ? je ne ie suis que trop , Monseigneur .... que trop ... Un jour ou l' autre ... enfin ... le danger ... c' est votre vie ... Il te sied bien de parler ! ... Si je te laissais faire , il n' y aurait de périls que pour toi , et ... Et quand vous feriez le bien sans risquer votre vie , où serait le grand mal , Monseigneur ? _ Où serait le grand plaisir , maître Murph ? . Vous ... dit le squiré en - haussant les épaules , vous . • * 3ans de P areilles tavernes ! Ôh l que vous voilà bien vous autres John Bull avec vos scrupules aristocratiques ! Croyant les grands seigneurs d' une essence supérieure à la vôtre , pauvres moutons fiers de vos bouchers ! ! _ gi vous étiez Anglais , Monseigneur , vous comprendriez cela on honore qui honore D' ailleurs , je serais Turc Chinois ou . Américain , que je trouverais encore que vous avez tort de vous exposer ainsi Hier soir , dans cette abominable rue de la Cité , en allant pour déterrer avec vous cé Bras - Rouge , que l' enfer confonde ! il m' a fallu la crainte de vous irriter . de vous désobéir pour m' empêcher d' aller vous secourir dans votre lutte contre lo bandit nue vous avez trouvé dans l' allée de ce bouge . C'est-à-dire , M- Murph , que vous doutez de ma force et de mon courage 1 . . Malheureusement vous m avez cent iois mis a même de ne douter ni de l' un ni de L' autre . Grâce à Dieu , Crabb de Ramsgate vous a appris à boxer , Lacour de Paris ( 1 ) vous a enseigné la canne , le chausson et par curiosité l' argot ; le fameux Bertrand vous a appris l' escrime , et dans vos essais contre ces profiteurs vous avez eu souvent l' avantage Vous tuez des hirondelles au vol avec un pistolet demunition : vous avez des muscles d' acier ; quoique sve.lte et mince vous me battriez aussi facilement qu' un cheval de course battrait un cheial de brasseur .... Cela est vrai .... Rodolohe avait compbiisamraent épaulé cette énuméralion de ses qualités de gladiateur , il reprit en souriant ; Eh bien l' alors , qcrams - tu ? # _ Je maintiens , Monseigneur , qu' il n' est parconvenable ( 1 ) Célèbre professeur de savate .
que vous prêtiez le collet au premier geujat venu ; je ne vous dis pas cela à cause de l' inconvénient qu' il y a pour un honorable gentilhomme de ma connaissance à se noircir la figure avec du charbon et à avoir l' air d' un diable malgré mes cheveux gris , mon embonpoint et ma gravité , je nie déguiserais en danseur de corde , si cela pouvait vous servir ; mais j' en suis pour ce que j' ai dit .... Oh Ije le sais bien , vieux Murph ! lorsqu' une idée est rivée sous ton crâne de fer , lorsque le dévouement est implanté dans ton ferme et vaillant cœur , le démon userait ses dents et ses ongles à les en retirer .... Vous me flattez , Monseigneur , vous méditez quelque .... Ne te gêne pas ... Quelque folie , Monseigneur . Mon pauvre Murph , tu prends mal ton temps pour me sermoner ! Pourquoi ? Je suis dans un de mes momens d' orgueil et de bonheur .... je suis ici .... Dans un endroit où vous avez fait du bien ? C' est un lieu de refuge contre tes homélies ... c' est mon Temple Bar . S' il en est ainsi , où diable voulez - vous que je vous prenne , Monseigneur ? Maitre Murph , vous me flattez , vous voulez m' empêcher de faire quelque f01ie .... Monseigneur , il y a des folies pour lesquelles je suis indulgent .... Les folies d' argent ? Oui , car après tout , avec près de deux millions de revenu .... On est souvent bien gêné , mon pauvre Murph .... A qui le dites - vdus , Monseigueur ? Et pourtant , il y a ' des plaisirs si vifs , si purs , si profonds qui coûtant si peu ! Qu' y a -t -il de comparable à ce que j' ai éprouvé tout à l' heure , lorsque cette malheureuse créature .... s' est vue en sûreté ici , et que dans sa reconnaissance elle m' a baisé la - main ? .... Ce n' est pas tout ; mon bonheur a un long avenir ; demain , après-demain , pendant bien ds > s jours enfin je pourrai songer avec délices à ce qu' éprouvera cette pauvre enfant en se réveillant dans cette tranquille retraite , auprès de cette excellente M /"/ 10 Georges ,
qui l' aimera tendrement ; car le malheur est sympathique au malheur .
Ohl pour M me Georges , jamais bienfaits n' ont été mieux placés . Noble courageuse femme ! ... Un ange de vertu ... un ange ... Je m' émeus rarement , et je me suis émn aux malheurs de M me Georges ... Mais votre nouvelle protégée ... Tenez ... ne parlons pas de cela , Monseigneur ... Pourquoi , Murph ? ... Monseigneur , vous faites ce que bon vous semble ... Je fais ce qui est juste , dit Rodolphe avec une nuance d' impatience . Ce qui est juste ... selon vous ... Ce qui est juste devant Dieu et devant ma conscience , reprit sévèrement Rodolphe . Tenez , monseigneur , nous ne nous entendrons pas . Je vous le répète , ne parlons plus de cela . Et moi , je vous ordonne de parier ! s' écria impérieusement Rodolphe . Je ne me suis jamais exposé à ce que monseigneur m' ordonnât de me taire ... j' espère qu' il ne m' ordonnera pas de parler , répondit fièrement Murph . —M. Murph 111 s' écria Rodolphe avec un accent d' irritation croissante . Monseigneur ! ... Vous le savez , monsieur , je n' aime pas les réticences . Il me convient d' avoir des réticences ! dit brusquement Murph . Apprenez , monsieur , que si je descends avec vous jusqu' à la familiarité , c' est à condition que vous vous élèverez jusqu' à la franchise ? Il est impossible de peindre la hauteur souveraine de la physionomie de Rodolphe en prononçant ces dernières paroles . Monseigneur ! j' ai cinquante ads , je suis gentilhomme ; vous ne devez pas me parler ainsi . Taisez - vous ! ... Monseigneur 1 ! ... Taisez - vous 1 ... Monseigneur , il est indigne de forcer un homme de cœur à se souvenir des services qu' il a rendus ... Tes services ? est -ce que je no les paie pas de toutes façons ! <
Il faut le dire , Rodolphe n' avait pas attaché à ces mots cruels un sens humiliant qui plaçât Murph dans la position d' un mercenaire ; malheureusement celui-ci les interpréta de la sorte . Il devint pourpre de honte , porta ses deux poings crispés à son front chauve , avec une expression de douloureuse indignation , puis tout à coup , par un revirement subit , jetant les yeux' sur Rodolphe dont là noble figure était alors contractée , enlaidie par la violence d' un dédain farouche , fdurphétouffa un soupir , regarda le jeune homme avec une sorte de tendre commisération , et lui dit d' une voix émue : Monseigneur , revenez à vous h ... vous n' êtes pas raisonnable 1 ... _ , Ces mois mirent le comble à l' irritation de Rodolphe ; son regard brilla d' un éclat sauvage ; ses lèvres blanchi- , rent , et , « ' avançant vers Murph avec un .geste de menace , il s' écria : Oses - tu bien ! ... . - Murph se recula , et dit vivement , comme malgré lai : Monseigneur , monseigneur ! SOUVENEZ - VOUS DU 13 JANVIER ! Ces mots produisirent un effet magique sur Rodolphe . Son visage , crispe par la colère , se détendit . Il regarda fixement Murph , baissa la tête , puis , .après un moment de silence , il murmura d' une voix altérée : Ahl monsieur , vous êtes cruel ..... jé croyais pourtant ! ... et vous encore ! .. vous 1 ... Rodolphe ne put achever , sa voix s' éteignit ; il tomba assis sur un banc da pierre , at cacha sa tête dans ses deux mains . Monseigneur , s' écria Murph désoléj ' mon bon seigneur , pardonnez - moi , pardonnez à votre vieux et fidèle Murph . Ce n' est que poussé à bout , et craignant , hélas î non pour moi ... mais pour vous , ... les suites de votre emportement , que j' ai dit cela ... je l' ai dit sans colère , san 3 reproche , je t' ai dit malgré moi et avec compassion ... Monseigueur , j' ai eu tort d' être susceptible .... Mon Dieu . ' qui doit connaître votre caractère , si ce n' est moi , moi qui ne vous ai pas quitté depuis votre enfance ! ; ... De grâce , dites que vous me pardonnez de vous avoir rappelé ce jour funeste ... hélas ! que d' expiations n' avez - vous pas ....