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Féminin / masculin dans la presse du XIXe siècle sous la direction de Christine Planté et Marie-Ève Thérenty, Presses Universitaires de Lyon, 2022

Au XIXe siècle, la presse connaît un essor remarquable sous l’effet des transformations économiques, techniques et sociales à l’œuvre dans la société française : on entre dans ce que des historiens ont appelé la « civilisation du journal ». Dans un temps où les rapports entre les sexes et les normes de genre évoluent, la presse contribue à redéfinir les rôles de chacun. La plupart des publications cantonnent les femmes dans la sphère domestique privée, réservant aux hommes l’accès à l’espace public ; mais certaines revues font preuve de plus d’audace et de modernité.
Dans une approche transdisciplinaire inédite, mêlant histoire des médias, études sur le genre, littérature, sciences de l’information, analyse du discours, science politique et histoire de l’art, cet ouvrage traite de corpus divers et de rubriques variées (presse généraliste, revues de mode masculine, journaux féministes et féminins, chroniques judiciaires, reportages, publicités, etc.). Il analyse les ressorts des inégalités entre les femmes et les hommes dans la presse du XIXe siècle, apportant du même coup un nouvel éclairage sur celles de notre époque.

Christine Planté est professeure émérite de littérature française à l’Université Lumière Lyon 2 et membre de l’IHRIM. Pionnière des études sur le genre en France, elle a notamment publié aux Presses universitaires de Lyon La Petite Soeur de Balzac : essai sur la femme auteur (2015) et Femmes poètes du XIXe siècle : une anthologie (2010).

Marie-Ève Thérenty est professeure de littérature française et directrice du RIRRA 21 à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3. Spécialiste des rapports entre presse et littérature, de poétique des supports et d’imaginaire des sociétés médiatiques, elle a publié entre autres ouvrages Femmes de presse, femmes de lettres : de Delphine de Girardin à Florence Aubenas (CNRS Éditions, 2019).

Femmes de presse, femmes de lettres. De Delphine de Girardin à Florence Aubenas, Marie-Ève Thérenty, CNRS Editions, 2019

Alors que l’histoire de la presse célèbre volontiers ses grands hommes, elle n’a jusqu’ici accordé quasiment aucune place aux femmes journalistes, qu’elles aient été célèbres en leur temps comme Delphine de Girardin, Séverine ou Titaÿna, ou des écrivaines reconnues comme George Sand ou Colette. Pourtant, dès le XVIIIe siècle, des femmes créent et dirigent des feuilles périodiques. Les femmes journalistes du XIXe siècle, qui écrivent un journalisme de chronique directement issu du bel esprit des salons, sont leurs héritières.

Cet ouvrage raconte la progression des femmes dans les journaux généralistes et la manière dont elles ont réussi à s’infiltrer et parfois à s’imposer dans l’article politique, dans la chronique judiciaire, dans la chronique des sports et dans le grand reportage. Ces femmes ont dû inventer des pratiques, créer des postures et imposer des écritures. Pour faire passer leur prose dans le journal, elles ont pu privilégier la narration, la fiction, l’écriture intime aussi. Subalternes elles-mêmes, elles ont par ailleurs souvent choisi d’enquêter sur les exclus de la société.

Cet essai montre aussi combien il serait caricatural d’affirmer l’existence d’un modèle unique de la femme journaliste qui s’opposerait à son pendant normatif masculin. Car il existe une infinité de façons d’être femme journaliste.

Marie-Ève Thérenty nous présente ici un panorama des femmes journalistes, du XIXe siècle et de l’entrée dans l’ère médiatique à 1944. Après l’octroi du droit de vote aux femmes françaises, les contraintes professionnelles et les enjeux ne sont plus tout à fait les mêmes. Néanmoins, dans un univers de presse encore hiérarchisé et discriminant, les femmes journalistes ont continué parfois de mobiliser les dispositifs décrits dans cet ouvrage qui se conclut donc par l’observation de trois cas plus contemporains : Françoise Giroud, Marguerite Duras et Florence Aubenas.

Fake news & viralité avant Internet, Roy Pinker, CNRS Editions, 2020

Vidéo d’un chat qui saute en voyant un concombre, blague sur l’actualité, dénonciation d’une injustice : nous avons tous conscience de vivre dans une culture de la viralité, où le succès se mesure à la vitesse de la propagation. Et nous pensons tous que c’est une marque de notre modernité, que ce sont les réseaux sociaux qui ont transformé les modalités de diffusion des idées. Les auteurs, tous spécialistes de l’histoire de la presse, nous prouvent ici qu’il n’en est rien : au XIXe siècle, le « copier-coller » régnait déjà dans la presse ; une histoire bien troussée, même fausse, pouvait être reproduite à des centaines d’occasions à travers les continents, comme une bonne histoire sur Facebook ; le bon mot d’un écrivain réapparaissait un peu partout, comme un tweet populaire ; légendes urbaines, fake news, rumeurs, circulaient de journaux en journaux ; des réclames publicitaires mystérieuses s’étalaient sur les murs, pour faire le buzz comme on dit aujourd’hui.
Avec un plaisir contagieux et en 15 courts chapitres partant d’un phénomène contemporain pour en faire l’archéologie, ce livre démonte les mécanismes de la viralité médiatique, pour montrer que ce sont des phénomènes profondément ancrés dans la culture de la presse, dès sa naissance.

Sous le pseudonyme de Roy Pinker se cachent Pierre-Carl Langlais, post-doctorant au sein du projet Numapresse pour lequel il développe des outils d’analyse des Big Data sur les corpus de journaux anciens, Julien Schuh, maître de conférences à l’Université Paris Nanterre et Marie-Ève Thérenty, professeure à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, et auteure de Femmes de presse, femmes de lettres (2019)

Les Architectes du livre, sous la direction d’Anne-Christine Royère et Julien Schuh, Paris, Nicolas Malais-Cabinet Chaptal, 2021.

Entre 1870 et 1930, des amateurs issus de la critique d’art, de la bibliophilie, des milieux littéraires et artistiques s’autoproclament “architectes du livre”. Sélectionnant les textes, choisissant les illustrateurs, les graveurs, les imprimeurs, les papiers, les formats, ils inventent une “bibliophilie créatrice” (Henri Béraldi), nouvelle forme éditoriale à la croisée de l’édition industrielle, des pratiques bibliophiliques et des expérimentations avant-gardistes.

C’est à cette communauté internationale autour du “livre d’art” que ce volume collectif entend s’intéresser. De l’édition bibliophilique fin-de-siècle aux parcours d’éditeurs du début du XXe siècle, il explore les relations entre le livre, l’architecture et les arts décoratifs au travers d’études sur des figures de collectionneurs, d’amateurs et d’éditeurs parfois peu étudiées jusqu’à présent : Richard Lesclide, Octave Uzanne, Lucien Pissaro et les Eragny Press, Henri Piazza, Léonce Rosenberg, François Bernouard ou encore Maurice Sachs et les éditions des Quatre Chemins.

Richement illustré en couleur, l’ouvrage présente une documentation souvent conservée au secret des réserves de la bibliothèque municipale de Reims, de la bibliothèque nationale ou de la bibliothèque littéraire Jacques Doucet. Il reproduit également des textes de Henri Focillon sur les imprimeurs typographes Marius Audin et Léon Pichon. Il publie le premier inventaire des artistes collaborateurs d’Édouard Pelletan et celui de ses Éditions d’art ainsi que le catalogue du libraire éditeur André Ferroud. Enfin il  propose une traduction d’un chapitre de l’ouvrage de Willa Silverman, The New Bibliopolis: French Book Collectors and the Culture of Print 1880—1914 (University of Toronto Press, 2008).

Contributions de Florence Alibert, Marie-Françoise Cachin, Pascale Cugy, Damiano De Pieri, Philippe Di Folco, Jean-Paul Fontaine, Pascal Fulacher, Jean-Louis Haquette, Marine Le Bail, Sophie Lesiewicz, Serge Linarès, Carine Picaud, Willa Silverman, Jean-Didier Wagneur.

Alexandre Dumas : un mousquetaire du journalisme, Sarah Mombert et Corinne Saminadayar-Perrin (dir.), Cahiers de la MSHE, juillet 2019.

Bretteur des lettres, Alexandre Dumas se fit journaliste par tempérament et par passion. Dès ses débuts, le jeune dramaturge s’est forgé dans et par la presse une personnalité publique, dans tous les sens du terme. Sa trajectoire est celle d’un engagé volontaire dans l’espace médiatique, où il occupe presque tous les postes : critique dramatique, chroniqueur, feuilletoniste, historien du contemporain, correspondant de guerre, intarissable causeur. De fortes convictions animent cette écriture en mouvement perpétuel : Dumas défend l’idéal démocratique d’une littérature authentiquement populaire, engagée dans les combats du présent, et intensément interactive.

Objets insignes, Objets infâmes de la littérature, Marie-Eve Thérenty et Adeline Wrona (dir.), Editions des archives contemporaines, février 2019.

Balzac Paris est aujourd’hui le nom d’une marque de vêtements vendus en ligne, qui concurrence la ligne plus ancienne intitulée Zadig & Voltaire ; on peut offrir à un écolier une trousse ou un cartable à l’effigie du Petit Prince, ou encore, à quelqu’un qu’on connaît vraiment bien, des accessoires intimes inspirés du best-seller Fifty Shades of Grey. Les objets dérivés de la littérature peuplent notre vie quotidienne ; ils identifient des lieux associés à des auteurs, enchantent des gestes ordinaires en leur donnant l’épaisseur de la fiction, ouvrent des opportunités pour se rêver en personnage de roman. Comment comprendre cet univers proliférant et hétérogène, qui donne corps à la littérature ? Faut-il y voir le triomphe du marché et du matérialisme, dégradant en pratique commerciale cet art immatériel qu’est la création littéraire ? Ou bien plutôt une forme d’appropriation oblique, qui témoigne de la survie du livre et de l’auteur, au-delà de leurs univers d’origine ? Telles sont les questions auxquelles répond cet ouvrage, à travers quinze contributions qui interrogent des cas très diversifiés de dérivation littéraire, de la statue au carnet griffé, en passant par les parcs à thèmes. Tantôt insignes, tantôt infâmes, ces objets permettent d’analyser les processus par lesquels la littérature, dans une dynamique de transformation permanente, devient une forme de vie.

Avec les contributions de Séverine Barthes, Christèle Couleau, Justine Delassus, Oriane Deseilligny, Audrey Garcia, Yves Jeanneret, Matthieu Letourneux, Caroline Marti, Marie-Clémence Régnier, Jean Rime, Denis Saint-Amand, Catherine Soulier, Valérie Stiénon, Marie-Ève Thérenty, Yoan Vérilhac et Adeline Wrona.

Détective, histoire, imaginaire, médiapoétique d’un hebdomadaire de fait divers (1928-1940) , Amélie Chabrier, Marie-Eve Thérenty (dir.), Revue Criminocorpus, décembre 2018. [En ligne]

Ce dossier rassemble les actes de trois journées d’études qui se sont tenues à Montpellier, Nîmes et Paris en septembre 2016 et janvier 2017. Il est consacré à un objet paradoxal et contradictoire, l’hebdomadaire Détective paru dans sa première forme entre 1928 et 1940, et que l’on peut aujourd’hui feuilleter en ligne dans la bibliothèque de Criminocorpus grâce au travail de numérisation lancé par Catherine Chauchard, directrice de la BILIPO et partenaire de ce projet. Une exposition itinérante accompagnait le colloque et permettait de montrer le phénomène Détective dans son contexte, avant qu’on ne l’envisage sous l’angle du mythe créé par les discours d’auteurs comme Simone de Beauvoir ou Jean Genet, ou par le prisme de son lointain descendant, le Nouveau Détective. Désormais cette exposition est visible sur le site Criminocorpus grâce à Marc Renneville et Jean-Lucien Sanchez. Enfin un livre illustré publié aux éditions Joseph K. a conclu ce travail de longue haleine. Ce dernier se présente comme une exploration littéraire de la presse des années 1930, vue depuis Détective.Quels étaient les crimes les plus représentés dans Détective, les crimes « à la mode » dans les années 1930 ? Quels romanciers retrouve-t-on dans ses pages ? Comment le texte et la photographie s’accordaient-ils pour offrir aux lecteurs horreur et frissons ? Quelles furent les prises de position de l’hebdomadaire dans les grandes affaires comme celles de Violette Nozière, des sœurs Papin, de Stavisky ? Voici quelques questions auxquelles nous avons tenté de répondre. Tout en faisant cette étude de l’hebdomadaire, nécessaire car inexistante, cet ouvrage a été en outre une étape dans la réflexion sur la « médiapoétique » du XXe siècle, c’est-à-dire dans la
façon dont les écritures s’adaptent aux contraintes de chaque support médiatique.

Coups de griffe, prises de bec. La satire dans la presse des années trente, Amélie Chabrier, Marie-Astrid Charlier (dir.), Impressions nouvelles, novembre 2018.

Coups de griffe, prises de bec se présente comme un beau livre sur la satire, textuelle et visuelle, dans la presse francophone des années trente, replacée dans une histoire longue du rire dans la presse, depuis la petite presse du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit de réfléchir à la particularité du rire des années 1930 : de quoi riait-on dans cette période d’entre-deux-guerres ? De qui en particulier ? De quelles manières ? La crise économique de 1929, la montée des fascismes, l’homophobie, la misogynie, la xénophobie, l’antisémitisme, sont des constantes du discours médiatique de l’époque, de la grande presse populaire aux hebdomadaires politiques et littéraires, en passant par les feuilles satiriques. Mais peut-on rire de tout ? Et riait-on de tout dans cette période de crises (économique, sociale, morale, idéologique) ? Quelles cibles étaient particulièrement visées et voit-on émerger des « têtes de turc » ? Quelles frontières peut-on tracer entre l’humour, la satire et l’insulte ? Y a-t-il des lignes de démarcation entre une satire de gauche et une satire de droite, voire d’extrême-droite ? Ces questions résonnent évidemment avec les heures les plus sombres de notre actualité. Qu’on pense seulement aux attaques terroristes subies par Charlie Hebdo en janvier 2015 et aux multiples polémiques qui impliquent les satiristes contemporains, des plateaux TV aux Guignols de l’info, en passant par les one-(wo)man-show ou internet.

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